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"Les rois de nos grands jeux" - Le mot du Padre par le Père Erwan de Kermenguy

J’ai été couronné roi de Bretagne, sous le nom de Salomon III. C’était au bord de la plage, lors d’un rassemblement de fin de grand-jeu, après une bataille épique qui opposait les partisans de Charles Le Chauve et d’Erispoë. Si je passe en revue mes souvenirs de grands jeux, ils sont nombreux les rois, les princes, les empereurs qui ont peuplés nos aventures, nourrissant un imaginaire où les pirates, les corsaires et les contrebandiers voisinaient avec les templiers et les preux chevaliers.

Dans l’évangile de ce dimanche, Jésus convoque ce même imaginaire royal, pour nous parler de la fin des temps. Mais l’enjeu n’est plus un trésor fait de morceaux de bois enroulés dans du papier alu, ou une couronne de carton. L’enjeu c’est notre vie et le salut du monde. L’homme ne donne sa pleine mesure qu’au service d’un maître. Sinon, il retourne à son oisiveté coutumière. La pente naturelle d’un cœur blessé par le péché, c’est la pente descendante. Pour viser les sommets, il faut qu’un autre nous y appelle.

L’enjeu c’est notre vie et le salut du monde. L’homme ne donne sa pleine mesure qu’au service d’un maître.

Le Christ est le Roi de l’Univers. Il est le bon maître. Le servir c’est peu à peu devenir comme Lui. Dans nos grands-jeux, les patrouilles revêtent des déguisements aux couleurs du parti qu’elles défendent (Anglais ou Bourguignons, Français ou Bretons) parce que le chevalier prend modèle sur son prince. Dans l’aventure de la sainteté, le chrétien prend modèle sur son Roi. Le servir chaque jour, par la BA quotidienne à laquelle nous nous sommes engagés, c’est une éthique de vie qui nous transforme peu à peu, pour devenir une seconde nature et restaurer notre nature blessée.

Que de fois avons-nous joué à être serviteurs des princes et des rois ! Désormais ce n’est plus un jeu : nous sommes serviteurs du Christ-Roi ! Et serviteur, en latin, se dit minister. Souvent, à l’oraison, je me dis que la prière est comme le conseil des ministres du Bon Dieu. Le Christ rassemble ses serviteurs dans ce colloque spirituel qu’est la prière.

Bien sûr il peut arriver qu’on s’ennuie à la prière, ou qu’on soit distrait… Il doit arriver qu’un roi réunissant ses barons s’entretienne avec tel ou tel sans que tous se sentent concernés par le problème du jour. Si le conseil des ministres évoque la construction d’un pont ou d’une gare, le ministre de l’éducation nationale se sent moins concerné que le ministre des transports. Mais quelle joie d’être au conseil de Dieu ! Quelle joie de siéger à la table du Christ-Roi. Laissons instruire en le regardant dans l’évangile. Regardons comment il agit avec les autres ministres. Contemplons le… même si nous sommes distraits : sans nous en rendre compte, cette présence nous transformera.

Mais quelle joie d’être au conseil de Dieu ! Quelle joie de siéger à la table du Christ-Roi.

Jeune chef scout, j’ignorais que des années plus tard je serai nommé curé de l’église dans laquelle fut assassiné ce Saint-Salomon (qu’en Bretagne on appelle Salaün) dont j’endossais le rôle. Saint Louis aussi est mort. Les rois de nos grands-jeux sont morts, avec leurs princes et les chevaliers. Les rois de ce monde meurent aussi. Le seul dont la royauté ne passe pas, c’est le Christ-Roi de l’univers. Aujourd’hui nous ne voyons pas que son règne soit pleinement établi. Le mal règne sur terre… et dans nos cœurs. Mais nous croyons qu’à la fin des temps, lorsque le grand-jeu de nos vies s’achèvera, le mal sera vaincu pour toujours. Une seule règle s’imposera alors, l’unique loi d’amour. Telle est notre foi. Le mal n’aura pas le dernier mot, car tout est récapitulé dans le Christ.

Le seul dont la royauté ne passe pas, c’est le Christ-Roi de l’univers.

Alors chers frères scouts, chères sœurs guides, il est temps de retrouver l’ardeur de nos grands-jeux pour courir la seule aventure qui vaille le coup, celle de la sainteté ! Si pour une couronne de carton nous avons pu traverser des champs de ronces et franchir des ponts de singe, combien plus pour une auréole éternelle ! Je vous laisse 2 indices pour mener à bien cette quête : la BA quotidienne et le conseil des ministres.

 
 
Père Erwan de Kermenguy
Curé de Landerneau et CR de l’Equipe Nationale Louvetisme

 




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