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« Sortons des ténèbres » - Le Mot du Padre par le Père Erwan de Kermenguy

« Éteins ta lampe connard, je suis en train d’émettre » hurla le CP sur celui qui lui envoyait le faisceau de sa lampe en pleine figure, pendant un relais optique dans les ruines d’un château au sommet d’une colline. Quelques minutes plus tard, un gendarme souriant se présentait à lui : « salut, c’est connard ». L’anecdote fit les annales de la troupe pendant des années. Pauvre CP ! Personne n’aime être ébloui la nuit par la lampe frontale de son interlocuteur qui a oublié de l’éteindre. Lorsqu’on est dans la nuit, on n’aime pas la lumière.

Il en va ainsi depuis la nuit des temps… Le Christ en a sûrement fait l’expérience, lui qui, ce dimanche, nous rappelle que ceux qui sont dans les ténèbres n’aiment pas la lumière. A l’image de mon brave CP qui se fâche contre le gendarme, lorsque nous nous sommes habitués aux ténèbres de notre existence, nous n’aimons pas que d’autres viennent y mettre la lumière.

A l’image de mon brave CP qui se fâche contre le gendarme, lorsque nous nous sommes habitués aux ténèbres de notre existence, nous n’aimons pas que d’autres viennent y mettre la lumière.

Pourtant, nous savons bien que la lumière est nécessaire au salut. Vivre dans l’obscurité ne nous permet pas de vivre pleinement. Combien de fois avons-nous regretté en camp d’avoir oublié notre lampe… lorsque nous avons trébuché sur une branche ou dans un trou ? Lorsque nous avons cherché à tâtons un objet dans la tente… ou que nous n’avons pas prêté attention à ce carnet de chant que la nuit nous dérobait et qui a fini sous la pluie au petit matin ? La lumière est nécessaire au salut. Et l’homme est fait pour vivre dans la lumière. Comment venir à la lumière ? Par exemple, en profitant du carême pour faire un bel examen de conscience et en allant se confesser (sans attendre la semaine sainte !) Ou encore en intensifiant sa vie de prière… car le Christ est la Lumière. Il ne pourra y avoir de lumière dans notre vie si nous ne prenons pas un vrai temps avec Lui… C’est la seule façon de faire reculer les ténèbres. On ne fait pas reculer la nuit en poussant dessus avec ses deux mains… mais en allumant la lumière !

Pourtant, il y a lumière et lumière ! Il y a la lumière qu’on vous envoie en pleine figure et il y a la lumière du soleil au zénith. Il y a la vérité qui vient de Dieu, celle qui libère, et il y a les vérités qu’on vous assène pour mieux vous condamner, ou vous influencer. La différence entre les deux, c’est que Dieu, lui est la lumière et vit au cœur de la lumière. Alors que celui qui braque sur vous ses lumières pour vous aveugler préfère rester dans les ténèbres. Celui-là, Lucifer (le porteur de lumière) même s’il s’habille en homme de lumière, tout de paillettes vêtu, reste le prince des ténèbres : il peut vous aveugler, il ne prendra pas le risque de s’éclairer lui-même.

Un mot encore, car j’écris ces lignes au retour d’une veillée d’adoration, au fond des bois. Des louvetiers avaient fait un bel autel de pierres sèches, dans un petit ravin à l’abri du vent de cette fin d’hiver. Deux lampes guides-aînées et de nombreuses bougies s’abritaient dans les pierres qui en renvoyaient la lumière chaude. Tous nous avons goûté l’intimité de ces nuits de prière, ou d’un temps au coin du feu dans l’obscurité. Est-ce à dire que nous préférons les ténèbres ? Sûrement pas ! Car ce que nous goûtons dans ces ténèbres c’est justement la petite lumière fragile qui s’y révèle. Lorsque nos vies sont plongées dans les ténèbres, par le péché ou la souffrance, par les épreuves de la vie ou parce que Dieu semble absent, n’oublions pas que c’est dans la nuit qu’on découvre les petites lumières. En nous accrochant à elles, non seulement nous pourrons traverser la nuit… mais surtout nous découvrirons le prix inestimable de ces lumières qui au grand-jour nous auraient semblées dérisoires. Si Dieu se cache, c’est pour que nous cherchions davantage la lumière… jusqu’à ce que nous entrions un jour dans la pleine clarté du matin de Pâques.

Lorsque nos vies sont plongées dans les ténèbres, par le péché ou la souffrance, par les épreuves de la vie ou parce que Dieu semble absent, n’oublions pas que c’est dans la nuit qu’on découvre les petites lumières.

 
 
Père Erwan de Kermenguy
Curé de Landerneau et CR de l’Equipe Nationale Louvetisme

 

 




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