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Scout dans l'âme et jusqu'au bout, le Mot du Padre par Monseigneur Rey

06 novembre 2020 Le mot du Padre

Vous étiez scout et déjà vous avez eu la chance d'obtenir des expériences et des sagesses à côté desquelles passe le monde post-moderne. Allongé sur des sols inégaux, sous une toile ou sous une pluie d'étoiles vous avez pu goûter à la fraternité, aux duretés de la vie qui unissent et aux temps spirituels qui font toucher du doigt Notre Père. C'est votre trésor. N'oubliez jamais ce que vous ont enseigné ces heures magnifiques où vous étiez perdu en pleine montagne. Où vous avez pris conscience de votre force dans une sioule énergique. Où vous étiez agenouillé le regard vissé sur le Corps de Notre Seigneur pendant l'Eucharistie. Dans tous ces moments-là, aucun doute, vous en étiez dignes de votre humanité. Et tous les délires et déviances du monde moderne, tous les outrages déclarés contre le respect de la vie et la dignité de la personne et la recherche du bien commun, ne vous écarteront pas de vos racines et de vos raisons de vivre si vous restez fidèle au scout que vous étiez. Si vous restez l'ami du travail, du silence et de l’engagement. Si vous restez l'ami de Saint Joseph.
 

Du travail

            La sueur de votre front est précieuse puisqu'elle gagne votre pain. N'ayez pas peur de suer et de travailler dur. Joseph passait ses journées à travailler le bois et il ne s'est pas arrêté même lorsque Dieu lui a fait l'honneur de venir vivre chez lui. Parce qu'il se savait trop fragile pour être Saint dans l'oisiveté, même avec le Seigneur à ses côtés stricto sensu. Votre dignité se trouve dans l'amour que vous mettrez à apporter aux vôtres la nourriture dont ils ont besoin. Et les visages pacifiés qui s'attableront le soir autour de vous seront votre victoire connue seulement de Dieu. « Il y a des êtres qui justifient le monde » disait Camus dans Le premier homme, votre époux et votre épouse et vos enfants justifieront le vôtre et votre fatigue à la tâche inspirera et édifiera votre descendance. Car on a tous le souvenir de « notre vieux qui s'en allait dans son vieux pardessus râpé, l'hiver, l'été, dans le petit matin frileux. »
 

Du silence

            Aujourd'hui le silence est souvent signe de lassitude ou de désintérêt. C'est le silence des lâches. Le silence n'est pas le mutisme qui n'a rien à dire. Le silence a tout à dire et signifie le retrait devant le mystère. Joseph se taisait par amour, et cela change tout. Il se taisait parce que ses regards seuls et ses prières suffisaient pour dire à Marie « Je t'aime » et à Jésus « Je t'appartiens ». Et vice versa. Tous ses mouvements, tous ses gestes et tous ses regards traduisaient l'amour qu'il avait pour les siens et pour Dieu. Aimez le silence. Aimez dans le silence. Et que votre présence, même silencieuse, surtout silencieuse, nécessairement silencieuse, rende témoignage de la présence discrète de Jésus dans les tabernacles de nos églises. Que votre présence exhausse l'âme de vos proches.
 

De l’engagement

            « La moitié d'un ami, c’est la moitié d'un traître », s'exclame le dicton. Aujourd'hui beaucoup de personnes s'engagent à moitié dans ce qu'ils font. Dans le mariage et dans les amitiés ils n'engagent pas tout leur être. Ils gardent une partie pour eux, « au cas où ». Et finissent pas trahir nécessairement. Joseph n'a pas dit « oui mais », « oui à condition », « oui si », il s'est entièrement livré. Parce que le « oui » implique la mort de celui qui le prononce. Il doit se livrer comme le Christ s'est livré aux hommes. Tout comme vous serez fidèle toujours à votre promesse scoute, engagez tout votre être dans vos autres promesses. Décidez-vous aujourd'hui pour votre mort et, le Seigneur l'a promis, vous aurez la vie !
 

De la vie éternelle

            La mort à soi-même n'est que la préparation pour la mort réelle, physique, qui vous fera entrer dans la vie. Vous devez garder en tête le jour où vous serez sur votre lit de mort face à vous-même et face à Dieu. Que souhaiteriez-vous, du plus profond de votre coeur, avoir réalisé ? Vous devez répondre oui à cet appel vital qui est celui de Dieu. Ainsi, au seuil de votre vie, vous pourrez repenser paisiblement aux nuits de camps d'été, aux toiles et aux étoiles qui couvraient vos sommeils, aux bagarres, aux pâtes froides et collantes, au bonheur donné à votre conjoint et vos enfants, à votre vie entière donnée à Dieu, peut-être, sûrement dans tous les cas, ou encore à ces longues heures à contempler Jésus dans la nature. Vous mourrez sûrs d'en avoir ! Vous mourrez en témoins et en prophètes et comme Saint Paul, vous pourrez dire dans un dernier souffre : « le moment de mon départ est venu. J'ai mené le bon combat, j'ai achevé ma course, j'ai gardé la foi. »
 
 
 
  Dominique Rey
  Évêque de Fréjus-Toulon

 




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