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"BIENHEUREUX LES SCOUTS QUI SAVENT PARDONNER…" - Le Mot du Padre par Don Maxence Bertrand

« Bienheureux les scouts qui ont l’esprit de pauvreté et qui n’envient point les riches, parce que le royaume des cieux est à eux.
Bienheureux les scouts qui sont doux, car rien ne résistera à leur influence.
Le scout a toujours l’air content, mais tout de même, bienheureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés.
Bienheureux les scouts qui ont faim et soif de tout ce qui est juste et droit, car moi, la Justice, je les rassasierai.
Bienheureux les scouts qui savent pardonner, car je leur pardonnerai à mon tour.
Bienheureux les scouts au cœur pur : ils verront Dieu.
Et ceux qui mettent la paix là où ils passent : on les appellera mes enfants. »
« Les béatitudes scoutes » du Père Sevin
 
Vous êtes la lumière du monde… C’est ainsi que la lumière de votre scoutisme doit briller devant les hommes, afin qu’ils voient vos Bonnes Actions, et qu’ils glorifient le Père qui est dans cieux. 
 
Il faudrait poursuivre ce texte du Père Sevin pour apprendre à méditer l’Évangile. Non pas seulement à y réfléchir en fermant les yeux d’un air fervent mais à y entrer personnellement, à jouer quelque chose de sa vie dans l’Évangile.
Le Père Sevin reprend une grande partie du premier discours de Jésus au chapitre cinq de saint Matthieu et y fait entrer chacun d’entre nous : « Si le scout s’attiédit, comment lui rendre sa ferveur ? Il n’est plus bon à rien, qu’à être jeté dans la rue. Vous êtes la lumière du monde… C’est ainsi que la lumière de votre scoutisme doit briller devant les hommes, afin qu’ils voient vos Bonnes Actions, et qu’ils glorifient le Père qui est dans cieux. »
 
Alors « bienheureux ceux qui savent pardonner, car je leur pardonnerai à mon tour… »
Le pardon est certainement un des aspects les plus caractéristiques de la foi chrétienne et pourtant un des plus difficiles à mettre en œuvre. Comment apprendre à pardonner ? Concrètement ? Il nous faut du temps, des petits pas et le trésor de la grâce.
La Révélation biblique met en évidence une longue et lente pédagogie divine à propos du pardon et nous pourrions discerner trois étapes.
  • Le point de départ ou plutôt le constat de départ, c’est que notre cœur blessé par le péché originel est prisonnier d’une spirale de la violence. C’est vrai au niveau d’une cour de récréation, d’une dispute en famille et c’est aussi vrai des relations internationales. Dans le livre de la Genèse, il est dit que « celui qui fera du mal à Caïn sera vengé sept fois » (Gn 4, 15). Six générations plus tard, Lamek prononcera ses mots débordants de violence et de colère : « J’ai tué un homme pour ma blessure et en enfant pour ma meurtrissure. Et si Caïn sera vengé sept fois, Lamek sera vengé soixante-dix-sept fois. » (Gn 4, 23-24) Beaucoup seraient scandalisés d’une telle violence biblique, mais la Parole divine parle du cœur de l’homme et – c’est un fait – cette spirale de la violence habite notre cœur blessé.
  • Moïse, dans le livre de l’Exode va mettre un coup d’arrêt à cette spirale. La loi du talion est un immense progrès dans la justice : « S’il arrive malheur, tu paieras vie pour vie, œil pour œil, dent pour dent, main pour main, pied pour pied, brûlure pour brûlure, blessure pour blessure, meurtrissure pour meurtrissure. » (Ex 21, 23-25) Nous sommes encore loin du pardon chrétien. Mais la spirale de la violence est comme brisée et Moïse conduit son peuple sur un chemin de justice, qui doit encore s’affiner. Mais c’est déjà un grand effort que de contenir un surcroît de violence.
  • L’enseignement du Christ dans l’Évangile va venir guérir la spirale infernale de notre cœur blessé, mais aussi dépasser et rehausser la justice de l’Ancien Testament. En interrogeant Jésus sur le pardon, Pierre fait évidemment référence à Caïn : « Seigneur, lorsque mon frère commettra des fautes contre moi, combien de fois dois-je lui pardonner ? Jusqu’à sept fois ? » (Mt 18, 21) Et Jésus, en écho à Lamek, répond « Je ne te dis pas jusqu’à sept fois, mais jusqu’à soixante-dix fois sept fois. » (Mt 18, 22)

« Seigneur, lorsque mon frère commettra des fautes contre moi, combien de fois dois-je lui pardonner ? Jusqu’à sept fois ? » (Mt 18, 21) Et Jésus, en écho à Lamek, répond « Je ne te dis pas jusqu’à sept fois, mais jusqu’à soixante-dix fois sept fois. » (Mt 18, 22)

Le Christ est venu déconstruire le mouvement de la violence et de la colère, non par faiblesse, mais par justice et ensuite par amour. Jésus lui-même va témoigner d’une profonde justice, réhaussée dans la miséricorde. Au cours de son procès, il reçoit une gifle véhémente d’un soldat. Tous ont les yeux fixés sur Jésus, qui ne tend pas l’autre joue, mais qui répond avec calme et sérénité : « Si j’ai mal parlé, montre-moi ce que j’ai dit de mal, mais si j’ai bien parlé, pourquoi me frappes-tu ? » (Jn 18, 23) Jésus est juste parce qu’il renvoie le soldat à sa conscience et à sa responsabilité. Et en même temps le silence et l’offrande des souffrances de la Passion nous éclairent le don de sa miséricorde.
Le scoutisme est une école de justice – au sens de justesse des relations – et aussi une école de miséricorde et de pardon. Cet équilibre subtil requiert du temps. De la Genèse à l’Exode et de l’Exode au Christ, l’éducation que Dieu a donné à son peuple s’est inscrite dans un temps long. Cet équilibre requiert aussi de progresser dans la justice et dans la retenue de la spirale de la violence qui guette chacun d’entre nous dans nos paroles et nos actes. Et si le pardon ne supprime pas la justice, il nous faut convenir que seul le don de la grâce peut nous conduire à pardonner jusqu’à soixante-dix fois sept fois. La nature et la grâce. La justice et le pardon. Le Christ en tout.
 
Don Maxence Bertrand 
Communauté Saint-Martin
Responsable de la pastorale des jeunes au Sanctuaire de Lourdes
Ancien CR à la 1ere et 2e Monnaie (37)
Ancien scout de la 3e Aix-en-Provence
 



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