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Comment passer du reproche à la critique positive ?

En famille, au sein du couple, dans une équipe ou une patrouille, la tentation du reproche est souvent présente. Les « toujours », « jamais », « encore » pleuvent.  Cette façon d’exprimer son mécontentement, sa désapprobation est souvent reçue comme une attaque. Ces reproches abîment l’estime de soi, la relation. Bérengère de Charentenay, conseillère conjugale et familiale, décrypte pour nous les causes de ces reproches qui usent les relations et nous livre les clés pour passer des reproches à la critique positive et constructive.

Imaginez une planche de bois où chaque reproche serait représenté par un clou. Même si on retire le clou, une trace restera… Il est bon d’en prendre conscience. Que ce soit dans un couple, en famille ou en unité, nul n’est à l’abri de blesser l’autre et c’est une réalité, on peut cependant veiller à ce que ce soit le moins souvent et le plus habilement possible…

Pourquoi avons-nous tant envie de faire des reproches ?

En accusant l’autre :

  • Je me dédouane de ma propre responsabilité.
  • Je me débarrasse de ma culpabilité.
  • Je ne sors pas de ma zone de confort.
  • Je façonne l’autre pour ne pas avoir à faire face à la déception de mes attentes, à la frustration.
  • Je me défends car je réagis en « mode survie ». Je ne prends pas le temps de m’exprimer.

Dans un reproche :

  • Je ne laisse pas à l’autre la possibilité d’être différent. L’autre peut se sentir honteux, culpabilisé de ce qu’il est.
  • Je ne me respecte pas car je n’identifie pas en moi le besoin qui se cache derrière ce reproche.
  • Je ne laisse pas place à l’émerveillement de l’autre.
  • J’ouvre la voie de l’incompréhension voire du conflit.

« Ne te contente pas du "qu’est-ce que c’est", mais essaie de savoir le "pourquoi" et le "comment". » disait Baden-Powell.

Comment passer du reproche à une critique positive ?

Quand le reproche pointe son nez, c’est le moment de « tourner sept fois sa langue dans sa bouche », ce qui laisse le temps de réfléchir et de se poser deux questions : Pourquoi ai-je envie de faire ce reproche ? Puis, s’il s’avère être une critique positive, comment vais-je la formuler ?

Comment transformer un reproche en une critique positive, celle qui permet de grandir, de mettre l’autre en mouvement. Que nous soyons parents ou chef d’unité, notre devoir est d’éduquer (ou coéduquer) le jeune et le faire progresser. Cela peut passer par des remarques qui peuvent parfois être ressenties par les jeunes comme un reproche. Alors comment exprimer une critique positive ?

Il existe quelques « filtres » qui permettent de déterminer si ce que nous allons exprimer est de l’ordre du reproche ou de la critique positive.

  • Est-ce que ce que j’ai à dire est au service de l’autre ou du mien (mesurer les conséquences de ses actes, lui donner les moyens de « bien agir », poser une limite, un rappel à l’ordre moral) ?
  • Est-ce que c’est juste ?
  • Est-ce que ma remarque est objective et compréhensible de l’autre ?
  • Quel est le ton que j’emploie ?
  • Est-ce que je l’accompagne, l’aime ou l’écrase, le domine pour lui montrer qui est le chef ?

Dans notre couple, notre famille, notre maîtrise, il est important de ne pas attendre pour exprimer ce qui nous heurte sinon l’accumulation risque de dériver en rancœur. Vous avez un reproche à faire ? Voici comment le tourner en une critique positive et constructive :

  • Exprimez vos émotions et votre besoin (la plupart du temps, on a du mal à verbaliser ce dont on a besoin. Il est fréquent d’être envahi par l’émotion (la colère, la tristesse, l’exaspération) qui ne nous permet pas de faire le « tri » dans nos pensées et d’exprimer clairement ce dont nous avons besoin… et si nous ne l’exprimons pas, l’autre ne peut le deviner !
  • Parlez des actes, des faits et non de la personne, ce qui aurait pour conséquence d’enfermer l’autre.
  • Posez des questions ouvertes et légères.
  • Et enfin, valorisez les efforts faits !

 

Quelques exemples de mise en pratique, facilement déclinables dans votre vie quotidienne :  

  •  En maîtrise : votre assistante de compagnie est « toujours » en retard ». Vous pourriez dire « C’est important pour moi que nous montrions l’exemple. Pourrais-tu être à l’heure à la prochaine sortie ? ».
  • En couple : Votre conjoint vous coupe « encore » la parole et vous contredit devant les enfants et vous trouvez que cela vous décrédibilise. Vous pourriez dire « Quand tu me coupes la parole devant les enfants je trouve que cela n’est pas très respectueux envers moi, accepterais-tu de me dire ton désaccord en privé ? ».
  • En famille : Votre enfant n’aide « jamais » à vider le lave-vaisselle. Vous pourriez vous saisir de l’exception ou il va le vider (car ce n’est sûrement pas « jamais » !) et lui dire « J’ai vu qu’aujourd’hui tu avais vidé le lave-vaisselle et je t’en remercie. J’apprécie vraiment quand tu participes aux tâches ménagères de la famille. »

« Le sel est âcre quand on le goûte à part ; mais c'est le parfait assaisonnement qui donne aux mets toute leur saveur. Ainsi les difficultés sont-elles le sel de la vie. » disait Baden-Powell. De même mes reproches sont acres quand ils ne sont pas ancrés dans une relation bienveillante. Ils peuvent être entendus quand ils sont enrobés dans le véritable amour.

Et quand c’est (presque) trop tard…

Vous réalisez que certains de vos reproches ont pu entraîner des conséquences ? Pas de panique ! Il reste la demande de pardon qui certes pourra prendre du temps et n’effacera pas la blessure mais qui pourra la rendre moins douloureuse et lui permettre de cicatriser.

Conseillère conjugale et familiale au Cabinet Raphaël
Ancienne cheftaine de groupe et ACDL
 



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