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"Je crois que ça ne va pas être possible." Tu en es sûr ? - Armel Garnier

Pour nos enfants ou pour des bergers afghans, rien ne semble impossible. On est surpris par l’audace de nos enfants qui ne voient pas d’abord la difficulté et qui apprennent à marcher, à nager, à sauter, à mémoriser des poésies avec facilité, à fabriquer, à approcher les animaux avec candeur. Alors que tout cela paraissait impossible.

Je me souviens de mes amis Edouard Cortes et Jean-Baptiste Flichy tombant en panne dans le désert afghan entre Paris et Saigon avec leur deux-chevaux, le plancher de la voiture ayant cédé (comme le carrosse de Louis de Funes dans le film La folie des grandeurs). Alors qu’il était bien improbable de dépanner la voiture dans un pareil état, c’est un paysan afghan qui indiqua un mur de terre sèche dans lequel le châssis d’une voiture avait été utilisé comme un treillage métallique pour armer ce mur de terre. On défonça le mur et on répara la deux-chevaux avec ce châssis proprement providentiel.

Dans le même esprit, je vous renvoie sur le réseau social Linkedin à toutes ces vidéos insolites où l’on voit des ouvriers de pays en voie de développement déployer des trésors d’ingéniosité pour rendre possible l’impossible (en utilisant la mécanique des fluides, la loi de l’apesanteur avec des morceaux de bois, de la ficelle, des roues, des pelles).

Enfin, je vous recommande de regarder le court documentaire sur cette famille copte en Ethiopie qui va faire baptiser son fils dans une église troglodyte perchée dans la montagne à près de 200 mètres de haut, progressant au flan de la falaise sur un sentier qui ne fait parfois que 30 centimètres de large, achève de nous montrer que l’improbable est toujours possible. Et vertigineux.

Ainsi donc, engoncés dans notre sécurité (risque zéro, principe de précaution, assurances multiples, vaccination, risque pénal), vivant l’aventure par procuration à travers des documentaires qui provoquent notre sidération ou rebaptisant aventure ce qui est une animation de parc d’attraction, n’est-il pas temps de réinterroger notre rapport au possible ? Car bien sûr, nous sommes toujours sollicités : dans notre famille, notre métier, notre devoir civique, dans notre vie associative. Les chantiers ne manquent pas. Notre époque n’est ni meilleure, ni pire, mais les solidarités sont moins fortes et la résilience personnelle plus forte. Le darwinisme qui est à l’œuvre dans notre société sanctionne impitoyablement ceux qui ne croient plus que c’est possible. Ou bien ce darwinisme condamnera leurs enfants à l’esclavage. Le salut scout, symbole de la promesse à laquelle nous nous sommes engagés, nous rappelle pourtant que « le plus fort protège le plus faible ».

Il est temps de renverser la fatalité du « je crois que ce n’est pas possible ». Commençons par nous dire que c’est possible, en y allant de manière progressive, adaptée et continue. C’était le maître-mot de la pédagogie sportive dans l’armée telle qu’elle m’a été enseignée. Je ne doute pas que d’autres l’avaient sans doute formulée ainsi avant et l’avaient mis en œuvre.

Il faut se fixer un but et des étapes.

Quand nous avons appris à nos enfants à marcher, nous avons instauré une distance d’un mètre, puis de deux mètres, puis il fallait traverser le salon et enfin la moitié du jardin. N’y a-t-il pas dans les défis et les responsabilités qui nous sont proposés un but à définir et adapté à nos forces, au temps dont on dispose, à notre réseau pour se dire simplement que c’est possible ?

Il faut surtout cesser de vivre par procuration, en pensant que c’est possible pour les autres, mais que ce n’est pas nécessaire pour nous. Nous ne sommes pas des spectateurs de la Rome antique qui viennent aux arènes pour voir des gladiateurs tenter l’impossible.  Ni des romantiques qui contemplent les épopées de nos lointains et glorieux ancêtres. L’arène est devant nous et elle nous attend personnellement. L’épopée est devant nous et elle nous attend aussi personnellement.

Possible vient du latin possibilis, du verbe posse qui signifie pouvoir. Le possible renvoie à notre pouvoir. Or nous en avons tous un peu : parce qu’en démocratie nous avons le pouvoir de voter, de nous exprimer, d’être candidat (même pour les idées les plus minoritaires), parce que dans une famille le père est un évêque domestique, parce que nous sommes enfants de Dieu et que nous avons les dons du Saint esprit, parce que notre école est gratuite et que nous avons le pouvoir de l’instruction, parce que nous sommes un pays plus que millénaire avec des traditions qui organisent notre pays autour des corps intermédiaires, qui donnent des repères, une intelligence collective et un pouvoir dans le concert des nations.

Alors qu’avons-nous fait de nos talents ? de nos pouvoirs ?

Par plaisanterie, certains aventuriers disent modestement que comme « ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait ». Que nous le fassions de manière consciente ou inconsciente, sachons faire reculer les limites du possible. Au bout du possible, il y a toujours une très belle rencontre avec soi-même et les autres.

 
Consultant en recrutement dans les secteurs de l'énergie, l'armement, le transport, la logistique et l'associatif à international



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1 Commentaire

Nicolas WEIDENMANN (TPE 1re CHAMBERY)
Il y a 2 ans
Merci Armel. Excellent rappel :)

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