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[LE PORTRAIT DU RASSO] Interview de Jean-François Vivier, Scénariste de BD et directeur d'EHPAD

Vol à la Grande Chartreuse qui vient de paraître est une BD dans la plus pure tradition scoute, qu’est-ce qui t’a poussé à en écrire le scénario ?

Je me suis aperçu que s’il existe une littérature très abondante sur le scoutisme, il n’y a rien en revanche en bande dessinée. Alors bien sûr, on va me rétorquer, « mais si, Baden-Powell et Les aventures de La Patrouille des castors ! » Sauf que, le premier est une biographie dessinée et les secondes sont en réalité des aventures policières menées par des scouts mais il est rare qu’on les voit vivre la grande aventure scoute.

Ce que je souhaitais, c’était vraiment créer l’histoire d’une patrouille qui vit des activités scoutes : le camp, les services… bref, qu’un scout actuel puisse réellement se reconnaître dans cette BD.

Mais en réalité, c’est à Romuald Gleyse, le dessinateur, que revient l’intuition de cette BD. Il avait créé une troupe d’éclaireurs dans sa ville et il est resté très attaché au scoutisme. Il savait qu’un tel projet pourrait me plaire.

Dans cette BD, nous croisons les personnages de Léo, issu d’un milieu aisé et de Charlie, qui découvre le scoutisme et venant d’un milieu plutôt défavorisé, n’est-ce pas une façon de revenir à l’intuition de Baden-Powell aux origines du scoutisme ?

Oui, en quelque sorte. Je voulais montrer que le scoutisme n’a rien perdu de son intuition. Il doit pouvoir être proposé à n’importe quel jeune, de n’importe quel milieu.

Tu as été Scout d’Europe, tes enfants vivent à leur tour l’aventure scoute, quel regard portes-tu sur le scoutisme du XXIe siècle ?

Je le crois plus utile que jamais ! Nos jeunes vivent de plus en plus dans le virtuel et le scoutisme a cette vertu d’être particulièrement ancré dans le réel. Il faut réussir à conserver ces instants qui font grandir et apprennent la fraternité contre l’individualisme.

Maximilien Kolbe, Hélie de Saint Marc, Franz Stock, tu as fait paraître de nombreuses BD de grandes figures catholiques, c’est tout un travail d’historien pour établir ton scénario ! Comment y travailles-tu ? 

Je commence par lire tout ce que je peux trouver sur le personnage sur lequel je vais écrire. Puis, je fais un travail de synthèse. Dans une BD, on ne peut pas tout dire. La pagination est très limitée, il faut donc choisir les éléments qui feront le mieux ressortir la personnalité et/ou les actions du « héros ». Il y a d’un côté un travail de vulgarisation et de l’autre, la nécessité de rendre les choses passionnantes. Nos jeunes ont l’habitude des séries qui vont très vite avec de nombreux rebondissements, il faut donc qu’il y ait du suspense pour maintenir leur attention.

Scénariste et directeur de collection, tu es aussi directeur d’EHPAD à Chartres. Comment as-tu vécu cette crise sanitaire ?

La période du premier confinement a été certainement la plus dure de ma vie. Il fallait tout à la fois se battre contre ce virus dont nous ne savions rien tout en soutenant les résidents… et le personnel qui a été admirable. J’ai eu la chance d’être secondé par une équipe exceptionnelle et je crois que nous n’avons pas failli à nos valeurs. A titre d’exemple, les visites aux personnes en fin de vie n’ont jamais été interdites dans mon EHPAD.

Esprit d’aventure comme scénariste, défense des personnes fragiles et de la dignité humaine comme directeur d’EHPAD, quelle influence le scoutisme a-t-il eu dans ta vie professionnelle ? Que t’apporte-t-il encore aujourd’hui ?

Le scoutisme m’a enseigné l’unicité de vie. J’essaye de m’y tenir. La fille d’une résidente m’a dit un jour : « je sais pourquoi vous avez réalisé une BD sur Franz Stock ; c’est parce que, comme vous, il a accompagné des gens jusqu’au bout ». J’ai trouvé son explication lumineuse, même si c’était tout à fait inconscient !

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