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Le réseau relationnel, un outil pour faire vivre nos communautés naturelles

01 juillet 2020 Progression personnelle

Une charité vécue par l'entraide

L’action par le réseau relationnel n’est guère mise en valeur dans nos cercles chrétiens pour travailler au cœur de notre société et servir notre pays. Après tout, agir en réseau fait penser à ces cercles qui manquent d’ouverture d’esprit et qui ne sont que les accélérateurs d’un entre-soi douteux et même dangereux pour notre société.

Et pourtant, le Christ lui-même (excusez du peu) a donné comme révélation à Sainte-Catherine de Sienne la parole suivante :

“Je ne donne pas toutes les vertus également à chacun ... Il en est plusieurs que je distribue de telle manière, tantôt à l’un, tantôt à l’autre ... À l’un, c’est la charité ; à l’autre, la justice ; à celui-ci l’humilité ; à celui-là, une foi vive ... Quant aux biens temporels, pour les choses nécessaires à la vie humaine, je les ai distribués avec la plus grande inégalité, et je n’ai pas voulu que chacun possédât tout ce qui lui était nécessaire pour que les hommes aient ainsi l’occasion, par nécessité, de pratiquer la charité les uns envers les autres ... J’ai voulu qu’ils eussent besoin les uns des autres et qu’ils fussent mes ministres pour la distribution des grâces et des libéralités qu’ils ont reçues de moi”.[1]

Ce sont là des propos qui doivent nous parler de façon directe. Nous faire prendre conscience que, ayant besoin les uns des autres, nous devons privilégier l’action coordonnée pour atteindre une meilleure efficacité dans l’effet recherché comme dans les moyens utilisés. Car à la fois relevant de l’efficacité matérielle et relevant également de la charité voulu par le Créateur. Agir seul peut relever d’une action charitable, je laisse au Seigneur le soin de sonder les reins et les cœurs, mais en agissant de façon coordonnée, j’agirai en vertu également d’une charité voulue par Dieu. Cette charité vécue par l’entraide est alors une source féconde pour notre société tout entière, car agissant sur moi qui l'opère comme ce sur quoi je travaille (une action culturelle ou éducative par exemple.)

Seuls nous pouvons aller plus vite, mais ensemble nous saurons réaliser des œuvres encore plus grandes et peut-être avec des fruits qui nous dépasseront.

Ces principes que nous venons d’énoncer sont affirmés également dans le Catéchisme de l’Église catholique[2] - CEC aux numéros suivants. Il est intéressant de noter qu’ils s’inscrivent dans le chapitre sur la Justice sociale.

1936 En venant au monde, l’homme ne dispose pas de tout ce qui est nécessaire au développement de sa vie, corporelle et spirituelle. Il a besoin des autres. Des différences apparaissent liées à l’âge, aux capacités physiques, aux aptitudes intellectuelles ou morales, aux échanges dont chacun a pu bénéficier, à la distribution des richesses (cf. GS 29, § 2). Les " talents " ne sont pas distribués également (cf. Mt 25, 14-30 ; Lc 19, 11-27).

1937 Ces différences appartiennent au plan de Dieu, qui veut que chacun reçoive d’autrui ce dont il a besoin, et que ceux qui disposent de " talents " particuliers en communiquent les bienfaits à ceux qui en ont besoin. Les différences encouragent et souvent obligent les personnes à la magnanimité, à la bienveillance et au partage ; elles incitent les cultures à s’enrichir les unes les autres.

On voit bien ici que l’Homme chrétien ne peut, ne doit agir seul. Qu’il doit, en se reliant avec les autres, chercher à être occasion de charité pour les autres en étant en relation, en premier lieu, avec ceux qui nous entourent directement : famille, voisins, collègues de travail.

On peut agir ensuite avec des cercles par affinité : culturels, éducatifs, d’actions locales...

On peut chercher également à agir dans d’autres cercles plus vastes qui permettent, par l’échange sur la base de la bienveillance, d’agir avec une plus grande efficacité et qui vont en retour enrichir votre point de vue, car plus éloignés de vos cercles habituels.

Le vrai/faux du réseau relationnel

Je voudrais maintenant répondre aux objections souvent citées pour dénigrer le travail en réseau, ou plus simplement le réseau relationnel.

1)     "C’est du copinage !"

Il est certain que si les contacts que nous établissons servent de manière injuste (Ie classique : réserver une place à un incapable au détriment d’une personne d’expérience), alors oui, le réseau ne sera pas œuvre de charité, mais son contraire. Ce qui ne convient pas, c’est le favoritisme mal placé. Le réseau relationnel n’est que le support ou l’occasion d’une décision mal prise.

2)    "Il y a un risque d’enfermement !"

À charge pour chacun de veiller à son équilibre de vie. Passer tout son temps avec un seul cercle de relation peut effectivement amener à s’enfermer. Ressasser les mêmes idées, etc. Mais avec 300.000 anciens, on devrait pouvoir éviter ce genre d'écueil.

En réponse à cette objection, j’utilise souvent cette citation :
“Échanger, analyser, confronter, au-delà des enjeux directement liés à son activité, est source d’inspiration pour tout décideur. C’est le carburant qui lui permet d’innover, manager et répondre aux défis incessants”. - Anne Lauvergeon aux Jeunes Mécènes des Bernardins.
 

3)     " Je serais redevable envers les autres ! "

Oui, de fait. En réalité, nous nous devons aux autres, et par cela nous sommes occasion de charité pour l’autre. Aussi, refuser d’utiliser les talents que Dieu a mis en nous au profit des autres est injuste.

4)     " C’est un manque d'ouverture ! "

L'idée étant bien que la communauté permette à ses membres d'être plus forts pour rayonner au sein de la Cité et avoir un impact positif, car nourrie des échanges avec la communauté et de ce que Le RASSO leur apportera (contenus, supports, conférences...)
C’est justement pour agir à l’extérieur que ce réseau sera utile. C’est pourquoi, lors de l’engagement RS, nous sommes invités à Tracer notre route, c’est une action tournée sur l’extérieur et non entre soi.
Là où nous sommes, nous devons agir, mais agir seul est une gageure. Partant du principe que nous devons bâtir une société là où nous nous trouvons, nous aurons par échos, besoin de conseils, renfort, supports, expertise, qui justement ne sont pas sur place.

 

En conclusion, le réseau relationnel est une opportunité pour les hommes de se développer, de travailler à établir une société plus juste, au sens d'éclairer par le Christ (en se basant sur sa Paroles, sur le Magistère, les expériences humaines…)

Par ailleurs, comme toujours, le fruit de cette communauté du RASSO sera ce que chacun en fera.

Nous avons l’opportunité de créer une communauté vivante et agissante, à la manière de ce que Benoît XVI appelait les « minorités créatives ». Notre pays, qui traverse des épreuves conséquentes, a besoin de personnes agissantes. Si nous entrons dans une dynamique positive de contribuer à notre communauté naturelle, de lui apporter autant sinon plus que ce l’on en a reçu, alors LE RASSO aura pleinement atteint son objectif de contribuer à changer la société par l’esprit de service qui qualifie l’esprit scout.

 

“Sur ta parole, on doit pouvoir bâtir une cité !”

« Si un grand nombre d’adolescents reçoivent une formation aussi spéciale, la société doit s’apercevoir qu’il y a des scouts. »

Père Jacques Sevin, Le scoutisme

 

 par Arnaud d'Abzac



[1] S. Catherine de Sienne, dialogues 1, 6
[2] 3ème PARTIE LA VIE DANS LE CHRIST - 1ere SECTION LA VOCATION DE L’HOMME: LA VIE DANS L’ESPRIT - CHAP 2ème LA COMMUNAUTÉ HUMAINE - Article 3 La Justice sociale II. Egalité et Différences entre les hommes



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