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[Baden Pow'ELLES] Tous vulnérable et alors ?
Il y a deux ans et demi j’ai eu la joie de voir se concrétiser un projet qui me tenait vraiment à cœur : La 1ère maison Providenti’ELLES a ouvert à Nantes !
Avec Anne de Rocquigny, une femme incroyable (SUF mais on lui pardonne đ), on a ouvert la 1ère maison Providenti'ELLES : une maison chaleureuse dédiée aux femmes qui ont besoin de tisser des liens et rebondir !
Cette maison permet à des femmes « invisibles » d’être vues par les autres, attendues, accueillies et aimées pour elles-mêmes !
Un projet bête comme chou mais qui sur le plan social, passe pour une innovation (c’est là qu’on bombe le torse et qu’on enfile une veste, ça fait plus sérieux).
Un jour, on reçoit en entretien une femme pour un poste de responsable de maison. Au début ça file bien mais au but de 5mn BIM la candidate nous sort son MAC. J’ai nommé son Méga Argument Convaincant : « Moi, je cherche vraiment à être proche des gens vulnérables… »
L’espace d’un instant j’ai failli me décaler et lui proposer une place à coté de moi sur le canapéđ, mais j’ai vite senti que cela ne suffirait pas à lui faire changer de point de vue… sur elle-même !
Pour cette femme comme pour tant d’autres, la vulnérabilité serait donc une sorte de grande défaillance humaine due à un accident de vie bien identifié. Seraient vulnérables donc ceux qui, ayant une bonne grosse épreuve sont dans un besoin visible d’aide.
La vulnérabilité n’est donc pas, à priori le super atout mode du moment.
Mon ami le petit Robert lui donne comme synonymes : fragile, faible, sans défense … c’est sûr ce n’est pas vendeur !
Quand on cherche « personne vulnérable » sur Google, les images qui apparaissent sont des personnes âgées ou des fauteuils roulants… et, perdues au milieu de ce paradis du cliché, des images de femmes enceintes…
J’en reste bouche bée, et pour me clouer le bec je vous garantis qu’il m’en faut !
Alors comme ça la vulnérabilité serait réservée à une partie de la société ?
Je ne sais pas si c’est parce que je suis du genre rebelle en serre-tête ou harpie contestataire mais franchement, rester avec ces clichés me parait impensable !
Alors j’ai cherché des grandes figures qui n’ont pas joué aux héros en armure :
- Achille avant d’être la réf en matière de talon loin devant Louboutin, avait quand même permis la victoire des Grecs sur Troyes !
- David, toujours au 1er rang sur les photos de classe à cause de sa taille, a quand même mis une tannée à Goliath et hop, exit les Philistins !
- Roosevelt a réussi à relever son pays grâce au New Deal et ce malgré sa polio et son fauteuil !
Je vais m’arrêter là vous avez compris l’idée.
Et si aujourd’hui on changeait de regard sur la vulnérabilité ?
Et si on se regardait tous en face, en toute honnêteté, avec nos failles et nos fêlures ?
Et si on arrivait à accueillir avec douceur cette part de soi qui parfois nous met en difficulté ?
Parce que justement, c’est cette fêlure et cette fragilité qui nous rend unique. Un peu comme une marque de fabrique ou un ADN.
- Chez Julie, son problème c’est le poids. Elle se voit avec un regard jugeant et elle pense que son corps est un frein pour se faire des amies
- Chez Maxime, c’est la timidité sa difficulté ! Il la masque au bureau en se tassant derrière son ordi mais quand il est avec ses amis, il lui faut un petit verre pour se sentir à l’aise.
- Servane de son côté a des relations compliquées avec sa maman alors souvent elle n’est pas très à l’aise avec ses propres filles
- Titouan a eu quant à lui tellement de mal avec l’école que devant son boss il se sent toujours défaillant…
Julie, Maxime, Servane et Titouan sont comme nous tous : ils ont leurs fêlures, leurs fragilités.
Cette fragilité, si elle est accueillie comme ayant toute sa place et toute sa richesse, révèle aussi notre sensibilité, nous rend attentif aux autres, compréhensifs et … tellement plus humains !
Quand on refuse de voir nos faiblesses alors on se met des œillères, un masque (pourtant on en a assez porté ces dernières années...) et on freine l’authenticité nécessaire à la relation avec l’autre.
Une relation, vraie et nourrissante, passe par la vérité.
Aujourd’hui encore, il est plus facile pour les femmes de se voir et d’être vues comme vulnérables. Il faut dire que nous sommes le « sexe faible » et que nous avons pour beaucoup, eu une éducation qui nous permet allègrement de pignouser devant un bon navet romantique …
Les hommes, eux ont plus de chemin à faire. Pour certains ils ont entendu dès tous petits que « un homme ça ne pleure pas » et on leur a gentiment expliqué qu’un homme c’était costaud dans le corps et dans la tête… exit donc les larmes, les gorges nouées et autres émotions trop girly face aux difficultés de la vie.
Ils n’ont parfois pas d’autre choix que d’enfiler leurs costumes de Superpapa, Supercollab, Superfiston, Supermari et Superpatron… même si leurs blessures leur font Supermal…
Alors oui, je pense que pour ça on a bien de la chance, nous, les femmes, de pouvoir assumer notre vulnérabilité.
Bientôt messieurs, vous aurez comme nous cette chance de pouvoir mettre en mots vos fêlures, les choses évoluent, l’éducation aussi.
Promis nous les femmes, on vous filera nos mouchoirs devant Titanic.
Je vous laisse avec ce poète devant l’éternel, ce philosophe que j’aime tant, celui dont les répliques animent nos diners entre potes, j’ai nommé, Michel Audiard qui avec peu de mots nous dit l’essentiel :
« Bienheureux les fêlés car ils laisseront passer la lumière »
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