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Le scoutisme, une école de la confiance

15 janvier 2021 Progression personnelle

« La confiance est la capacité enfantine d’aller vers ce qu’on ne connaît pas comme si on le reconnaissait. » écrit Christian Bobin.

Oui un enfant a cette facilité spontanée de la confiance. Notre anxiété d'adulte vient de notre lucidité : nous sommes plus conscients des risques et des dangers. « Mais cette lucidité ne doit pas émousser notre audace, notre capacité à y aller. Se faire confiance, c'est garder son coeur d'enfant, une âme d'enfant dans un esprit d'adulte. » recommande Charles Pépin pour qui la confiance est une philosophie.

Si l'on reprend l'étymologie latine, le verbe confier (confidere : cum, « avec » et diere, « fier ») signifie que l'on remet quelque chose de précieux à quelqu'un, en se fiant à lui et en s'abandonnant ainsi à sa bienveillance et à sa bonne foi. (source Wilkipedia)

La confiance est donc un vrai cadeau du coeur que l'on peut donner et recevoir.
Double mouvement indissociable.

Chez les Guides et Scouts d'Europe, on l'observe dès la branche jaune :
« Le louveteau (la louvette) écoute le vieux loup. Le louveteau (la louvette) ne s'écoute pas lui-même (elle-même) » : c'est la loi de la meute (clairière). Car entre 8 et 12 ans on est là pour écouter avec confiance ceux qui détiennent la sagesse pour apprendre. En retour, « Le louveteau (la louvette) s'engage à dire toujours vrai » : on peut lui faire confiance. Lors de la promesse, d'une patte tendre, Akéla sonde toute la meute (la clairière) : « Louveteaux (Louvettes), allons-nous recevoir… à la meute (clairière) ? Croyez-vous qu'il (elle) sera un bon Louveteau (une bonne Louvette) ? » sous-entendu, « Est-il (est-elle) digne de confiance ? ». La confiance s'exerce et s’éprouve dans la communauté.

Puis dans la branche verte
« Le scout (la guide) met son honneur à mériter confiance » : c'est l’article numéro 1 de la loi scoute ! « Puisque la cour d’honneur a décidé de te faire confiance… » introduit l'engagement de la promesse.
Honneur et confiance vont décidément de pair dans le scoutisme à l'âge éclaireur.
La promesse scoute s'appuie d'ailleurs de manière centrale sur les 3 vertus : Franchise, dévouement, pureté. 3 piliers de la confiance. « On pourra compter sur ma parole de scout » : s'engager à tenir parole, c'est témoigner qu'on peut nous faire durablement confiance.
Le scoutisme est aussi l'apprentissage de la confiance par l'autonomie et la responsabilisation. « N'aidez jamais un enfant à faire une tâche qu'il se sent capable d'accomplir » répétait sans cesse Maria Montessori. Faire confiance n'est pas faire à la place de, mais laisser faire.

Le scoutisme est aussi l'apprentissage de la confiance par l'autonomie et la responsabilisation.

A un CP on con-fie des scouts (des guides) : on lui fait confiance. Et son investiture permet d'officialiser ce lien de confiance et de l'inscrire comme un maillon de la chaîne qui relie toutes les personnes ayant une responsabilité au sein des Guides et Scouts d'Europe.
« Des mots qui viennent du coeur suffisent à donner confiance pour la vie. Autrui peut aussi nous donner confiance sans grand discours ni mot d'encouragement, mais en nous confiant tout simplement une mission… » Charles Pépin
Les patrouillards peuvent alors à leur tour engager leur confiance en ce chef à qui ils promettent obéissance. « Vous pouvez compter sur moi » répond leur CP. Et en retour « La patrouille compte sur chaque patrouillard », notamment à travers sa mission de PA. C'est un vrai cercle vertueux parce que réciproque.

Dans la branche rouge les barrettes « Répondre présent » ou « Être prêt » puis « Rester en service » sont également une belle manière de dire « vous pouvez me faire confiance, je suis là, prêt à servir ».
Quant à l'investiture d'un chef, elle le proclame explicitement : « En accord avec la hiérarchie du mouvement, nous avons décidé de te faire confiance… » et sa réponse immédiate « Je te remercie de ta confiance et j'accepte ce service. » Oui la confiance n'est pas un dû : on la reçoit comme un cadeau précieux, plein de reconnaissance. Charge à nous d'en être digne et de la transmettre à notre tour.
Admirer son chef ou tout scout pour son exemplarité aide à construire la confiance en soi car « à chaque fois que tu admires, tu contemples l'éclat d'une étoile singulière. Chaque fois, tu vois l'éclat possible de l'étoile qui est en toi. » nous dit le philosophe Charles Pépin.

La confiance n'est pas un dû : on la reçoit comme un cadeau précieux, plein de reconnaissance.

Et comme point d'appui tel un pilier, « le Conseil », est l'organe garant que la confiance est toujours présente, vécue au sein des unités et entre les personnes qui sont en responsabilité dans le Mouvement. La confiance n'est pas aveugle pour autant. Elle n'exclut pas le contrôle, nous rappelle un vieil adage. La pédagogie des Conseils, c'est la pédagogie de la confiance : croire en l'autre c'est-à-dire croire en ses capacités à faire, en ses compétences, mais plus encore croire et reconnaître sa capacité à être.
En résumé, dans le scoutisme on fait le pari de la confiance en chacun. C'est l'éducation du jeune par le jeune grâce à la magnifique chaîne de confiance qui nous lie : celle de l'investiture, incarnée et transmise au sein du Mouvement, des commissaires nationaux jusqu'au CP.
La confiance interpersonnelle et au sein d'un groupe existe donc parce qu'il y a d'abord acceptation réciproque d'un cadre commun, partagé : la loi scoute, le règlement, les différents engagements… et également parce que ces règles du jeu, ces paroles données, loin d'enfermer, offrent un espace sécurisant où les libertés peuvent se déployer, en confiance, avec optimisme.

Baden Powell le confirme : « L'optimiste est une forme de courage qui donne confiance aux autres et mène au succès ».

Oui, c'est grâce et seulement grâce à cette confiance que l'on peut vivre et faire vivre l'aventure ! Car il en faut de la confiance pour apprendre à sortir de son confort, à se débrouiller avec des moyens simples, à se donner des objectifs pour progresser, à oser partir à l'aventure et à rendre service…

C'est ainsi que se forge notre confiance en soi.

En conclusion, retenez que la confiance en soi relève d'une alchimie. Ses 3 ressorts sont :
La confiance en l'autre (concerne notre perception d'autrui, nos liens d'appartenance et d'interdépendance)
La confiance en soi (concerne l'identité : nos rêves, espoirs, buts et valeurs)
La confiance en la vie (cette relation au monde concerne nos initiatives et nos actions)

La confiance rime avec bienveillance, transparence, cohérence, interdépendance et espérance. 

Le scoutisme et particulièrement la pédagogie qu'offre l'Association des Guides et Scouts d'Europe sont autant de jalons qui construisent des hommes et des femmes solides, engagés et pleins d'initiative. Des hommes et des femmes sur qui l'on pourra compter, à qui l'on pourra faire confiance. Parce que la confiance est la garantie, le gage du déploiement du meilleur de chacun pour un monde meilleur.
Pour cela, appuyons nous sur le modèle de la confiance qu'est la Vierge Marie et son « Fiat », son « Oui » au mystère divin et à la vie.

Alors, vous qui me lisez, que faites-vous aujourd'hui de la confiance qui vous a été donnée à travers le scoutisme, comme un cadeau ?

 

 
Clotilde Boyer
Commissaire de District Manche
Coach, consultante et formatrice.
Elle accompagne les personnes et les équipes dans leur quête d’identité et d’horizon professionnels.
Elle est notamment formée TLP (Talents Leadership Priorités du poste)



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