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Léon Bourgade, Thérèse…et nous !... - Le mot du Padre de l'Abbé Guillaume Soury-Lavergne

17 décembre 2021 Le mot du Padre

Le 20 février 1918, tandis que la première guerre mondiale fait rage, un aviateur fraîchement promu s’élance de son avion, et quitte le sol pour une mission de guerre.

A 29 ans le tout jeune aviateur n’a pourtant rien d’un novice ; la guerre ? il connaît !... Voilà près de quatre ans qu’il combat dans l’artillerie (dans un régiment de Toulouse) en enchaînant les terribles batailles qui ont douloureusement marquées l’histoire : la Marne, la Somme…et Verdun !...

Son récent passé dans les tranchées lui donne de connaître la redoutable efficacité des terribles « Drachen » ces ballons d’observation allemand, extrêmement bien défendus, qui permettent le réglage des tirs d’artillerie…

En s’élevant dans les airs, le jeune sous-lieutenant originaire de Montauban ignore qu’il vole vers son premier combat aérien victorieux, prémisses d’une longue liste qui fera bientôt de lui un « as de l’aviation » avec 28 victoires au compteur !... Car après avoir abattu un appareil ennemi, il réussit avec beaucoup d’audace à abattre un Drachen, dont il se fera dorénavant une spécialité, bravant la fureur de la mitraille allemande.

Auréolé de gloire malgré son jeune âge, le jeune Léon Bourjade, attribue la victoire -et celles qui suivront- à une petite religieuse carmélite disparue une vingtaine d’années auparavant, et alors quasiment inconnue : une certaine sœur Thérèse, du petit carmel de Lisieux… 

Voici ce mot que le jeune homme a laissé dans l’histoire : « J’ai la ferme résolution de faire tout mon possible pour rendre à soeur Thérèse toute la gloire qui me reviendra de mes combats, si du moins le Bon Dieu permet que j’en aie beaucoup ».

Son amitié et sa vénération pour cette « soeur Thérèse » sera telle que Léon qui, avant sa mobilisation dans l’Armée, était pourtant proscrit par les Loi anticléricales de la République (parce que séminariste chez les missionnaires du Sacré Cœur), n’a pas hésité à fixer ostensiblement sur la carlingue de son aéronef un portrait gravé de cette religieuse alors inconnue !…

La postérité a gardé ces portraits incroyables et anachroniques où l’on voit Léon Bourjade aux côtés de son Spad XIII flanqué du portrait de « la plus grande Sainte des temps modernes », encore ignorée de tous !…

Après la guerre, ce passionné qui avait surligné dans sa jeunesse le passage de l’histoire d’une âme où soeur Thérèse écrivait « je me sens la vocation de Guerrier », sera ordonné prêtre en 1921 et mourra 3 ans plus tard chez les Papous, ces terribles tribus de cannibales et de chasseurs de tête à qui il dévouera sa vie pour leur porter l’Evangile…

La vie épique du Père Léon Bourjade met en lumière un immense paradoxe ; comment se fait-il que -quelques années seulement après la mort de Sainte Thérèse-, un jeune officier aviateur, fut-il séminariste, soit ainsi saisit par sa vie et son message, d’une façon si profonde et si remarquable ?... La question prend toute sa force lorsqu’on sait que Thérèse est entrée au Carmel « pour Jésus seul », c'est-à-dire en quelque sorte pour s’y cacher et pour être oubliée de tous…

C’est absolument stupéfiant !... Elle, qui voulait disparaître aux yeux de tous est devenue une des saintes les plus lue, et des plus honorée sur terre !...

Nous pouvons donc poser à nouveau la question ; qu’est-ce qui fait que lorsqu’on rencontre Thérèse, on ne peut pas rester indemne ? Tandis que ses écrits, pourtant baignés du style mièvre et rose-bonbon de l’époque devraient rebuter les âmes brillantes et viriles, comment se fait-il qu’ils soient lus avec tant de passion à la fois par la timide jeune fille, par le grand intellectuel, et par le soldat le plus accompli ?...   Quelle est la force de Thérèse ? Quel est son secret ?…

La clef de cette énigme se trouve dans les paroles lumineuses qu’une sainte religieuse adressa un jour à Thérèse; tandis qu’elle était toute jeune novice:  Une bonne vieille mère … me dit en riant à la récréation: "Ma petite fille, il me semble que vous ne devez pas avoir grand'chose à dire à vos supérieures." - Pourquoi, ma Mère, dites-vous cela?... - "Parce que votre âme est extrêmement simple, mais quand vous serez parfaite, vous serez encore plus simple, plus on s'approche du Bon Dieu, plus on se simplifie."

Plus on s’approche du Bon Dieu, plus on se simplifie !... Voilà le secret de notre petite sainte…

Cette simplicité, c’est aussi celle des guides et scouts que vous êtes, avec ou sans uniforme ! C’est cet idéal, pour chaque guide et chaque scout, de choisir la sobriété comme chemin du bonheur, pour reprendre les mots du Pape François dans Laudato Si. Vivre intensément avec peu, au contact de la nature, dans la prière, avec ses frères ou ses sœurs, comme le fit la petite Thérèse…

Cette sobriété, vécue en profondeur durant les camps d’été et que l’on peut retrouver dans sa vie d’adulte lors d’une retraite spirituelle ou même au quotidien, permettent d’apprécier profondément le moment présent, les choses et les gens, sans être obsédé par la consommation. La possibilité constante que nous donne la société de consommer distrait notre cœur et nous empêche d’être pleinement présent à Dieu et aux autres, tandis que la simplicité permet de vivre en paix et sereinement.

Puisse-t-elle être aussi la nôtre ! À d’autres la mondanité, les apparences, les personnages joués… Soyons simples et sans détours…comme l’eau claire !... Et redisons avec Saint Jean de Cronstadt (1829-19081) :

« Seigneur, donne-moi un cœur simple, sans méchanceté, croyant, aimant, généreux, … »

 

Abbé Guillaume Soury-Lavergne, prêtre à Figeac

 

 




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