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"Les crucifixions qui sauvent avec le Christ, ce sont ces petits renoncements, les efforts fournis avec bonne humeur", le Mot du Padre par l'Abbé Tristan de Chomereau

26 août 2020 Le mot du Padre

« Qu’il prenne sa croix et qu’il me suive » (Mt 16)

 

Des foules, enthousiastes, suivaient Jésus sur les chemins de Palestine : son message était si beau, si lumineux !

Mais voilà… Peu de temps auparavant, Jésus avait annoncé à ses disciples que scribes et grands-prêtres le tueraient à Jérusalem. Simon-Pierre, animé par un zèle mal compris, « lui fit de vifs reproches : Dieu t’en garde, Seigneur ! Cela ne t’arrivera pas ».

Pierre s’oppose, rien de moins, à ce que Jésus s’offre en sacrifice pour mériter le pardon des péchés et faire de nous des enfants de Dieu. Aussi la réaction du Christ est vive : « Arrière de moi, Satan ! […] Tes pensées ne sont pas celles de Dieu mais celles des hommes ». Jésus traite Pierre de « Satan » : la remontrance est à la hauteur de l’égarement !

Plus tard, après la Résurrection, Jésus dit aux disciples d’Emmaüs « Esprits sans intelligence ! […] Ne fallait-il pas que le Christ souffrît cela pour entrer dans sa gloire ? » Pierre et les disciples ne comprirent peut-être pas pourquoi « il fallait que le Christ souffrît » ; mais ils finirent par faire confiance au Seigneur. C’est bien par sa Passion, sa mort sur la Croix et sa Résurrection que Jésus sauve.

Or le chrétien est « un autre Christ » dit saint Paul. Suivre Jésus, c’est marcher sur ses pas — et ses pas conduisent au Calvaire — c’est se laisser crucifier avec lui pour racheter les âmes avec lui, c’est être « co-rédempteur » comme les théologiens disent. Saint Paul affirme : « J’ai été crucifié avec le Christ » (Rm 6, 6).

Aussi Jésus se retourne-t-il vers les foules qui le suivent et leur dit ce que le suivre implique : « Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive » (Mt 16). Que cela signifie-t-il pour nous, concrètement ? Le troisième article de notre Loi énonce que « Le scout est fait […] pour sauver son prochain ». C’est plus que sauver d’une noyade ou d’un incendie — hypothèses assez improbables. C’est d’abord renoncer à soi-même, c’est-à-dire l’antithèse du vivre pour soi, de l’individualisme ; c’est faire un don de sa vie, qui se déclinera au quotidien : dans la vie familiale, dans la profession, dans la poursuite du Bien commun.

Saint Thérèse disait : « Aimer, c’est tout donner et se donner soi-même ». Cela suppose de charger sa croix, chaque jour — en fait la Croix du Christ. C’est imiter Simon de Cyrène, ce paysan judéen qui aida Jésus à porter sa croix.

Les crucifixions qui sauvent avec le Christ, ce sont ces petits renoncements, les efforts fournis avec bonne humeur pour que nos familles soient heureuses, que notre travail professionnel soit digne d’être offert à Dieu, pour être des amis loyaux, etc.

La croix, « celle de chaque jour, cachée, sans éclat… elle attend le crucifié qui lui manque. Et ce crucifié, ce doit être toi », écrivait saint Josémaria. Et que dire des efforts de patience, de bienveillance, de lutte contre l’égoïsme tenace…

Sainte Marie se tient debout au pied de la Croix au Golgotha. Quoiqu’il n’y ait pas de douleur pareil à sa douleur, elle n’est pas effondrée sur le sol. Debout donc, elle rachète le monde avec son Fils, se clouant spirituellement à la Croix.

À ses côtés se tient le jeune Jean, l’apôtre préféré de Jésus, alors que les autres ont fui. À notre mesure, notre vie, belle dans sa normalité, qui s’égrène jour après jour, est une discrète offrande à la gloire de Dieu et elle sauve.

 

Abbé Tristan de Chomereau
CR de la 1e et de la 4e Courbevoie
Vicaire de la paroisse Saint Maurice de Courbevoie



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