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« Scoutisme, école d'autorité » - Le Mot du Padre par le Père Erwan de Kermenguy

« Je te promets de t’obéir comme au chef » avons-nous dit en prêtant allégeance à notre CP.

Cela semblait aller de soi, ce grand gaillard de 15 ou 16 ans était chef lui aussi, notre chef, le chef de patrouille. Bien sûr dans la réalité, c’était parfois plus compliqué… parce que le CP doit apprendre à cultiver son autorité. Et si certains ont de manière innée un certain sens de l’autorité, celle-ci doit se développer, se travailler, se corriger. Si le scoutisme passe principalement par le jeu, le scoutisme n’est pas un jeu. C’est fondamentalement une école d’autorité : on y apprend à devenir chef, ou pour le dire dans un vocabulaire plus en vogue, c’est une école de leadership. Comme aumônier d’étudiants, j’ai été frappé de voir combien les anciens scouts se distinguent dans un groupe, par leur capacité à prendre des initiatives, à fédérer un groupe, à faire preuve d’autorité.

"Si le scoutisme passe principalement par le jeu, le scoutisme n’est pas un jeu."

Dans l’évangile de ce dimanche, Jésus parle en homme qui a autorité, « non pas comme les scribes ». L’évangile nous le dit à 2 reprises, signe que la posture de Jésus tranche avec les manières de faire habituelles. Jésus parle avec autorité, parce qu’il est Dieu, l’auteur de la vie. Le mot « autorité » vient du mot « auteur », qui lui-même vient du mot « augmenter » (au sens de faire grandir). Les parents ont une autorité sur les enfants, parce qu’ils leur ont donné la vie, qu’ils veillent sur la croissance de cette vie, ils en sont les auteurs.

Il y a 2 sources d’autorité. L’autorité de compétence et l’autorité de responsabilité :

  • L’autorité de compétence est celle de celui qui sait. C’est normalement celle du scribe dans l’évangile : il a lu la Parole de Dieu, il la connaît, il est capable de discerner le bien du mal, il est de bon conseil.
  • L’autorité de responsabilité, c’est celle  du chef, il a mission de trancher. Le scoutisme nous apprend l’une et l’autre. Les compétences techniques apprises au gré des épreuves de classe ou des badges donnent à l’enfant des compétences. Les responsabilités, celles de Postes d’Action puis celles de second ou de CP mettent en situation d’exercer une autorité de responsabilité.

« Je te promets de t’obéir comme au chef »… l’expérience montre que cette promesse ne tient que si le CP manie son autorité avec humilité, force et douceur. Le CP autoritaire (celui qui fait pomper et se prélasse dans son hamac pendant que les petits sont de corvée) n’a aucune autorité sur sa patrouille, parce qu’il ne la fait pas grandir, il n’est en rien « auteur ». Le CP démago (celui qui n’ose pas dire non, par peur de déplaire), n’a aucune autorité sur sa patrouille, parce qu’il ne la tire pas vers le haut. L’autorité est toujours un service, qui n’a pas peur de déplaire, mais qui vise le bien des autres. Le Christ est pour nous modèle d’autorité, osant une parole qui tranche, une parole qui dérange, mais se mettant toujours au service du plus petit, le rejoignant là où il est, pour le faire grandir avec douceur.

"L’autorité est toujours un service, qui n’a pas peur de déplaire, mais qui vise le bien des autres."

« Sur ta parole, on doit pouvoir bâtir une cité » dit le cérémonial du départ routier.  La méthode scoute vise à former des chrétiens engagés dans le monde. Apprendre à exercer l’autorité n’a pas pour but ultime de gagner le flot grand-jeu, mais de prendre sa place dans le monde. Ce qui nous invite à continuer à cultiver cette double autorité de compétence et de responsabilité. Comment continuons-nous de nous former, adultes, pour être compétents dans le monde ? Comment continuons-nous à assumer des responsabilités dans la cité ?

Dans cet exercice de l’autorité comme adulte dans le monde, nous devons toujours garder le Christ devant les yeux. Comme le CP tient son autorité du chef, nous tenons notre autorité du Christ. « Tu n’aurais sur moi aucun pouvoir si tu ne l’avais reçu d’en haut » dit Jésus à Pilate. Ce qui veut dire que nous avons toujours à ajuster notre autorité en la modelant sur celle du Christ. Cela ne peut se faire que dans la contemplation : le chef (quel que soit le lieu où s’exerce cette autorité dans notre vie) doit regarder vers le Christ, se laisser façonner par lui. Le CP apprend du CT à être chef… et il fait des erreurs. Le CP l’ignore souvent mais le CT fait de même en apprenant du CG (qui lui aussi continue à se former et à progresser… c’est l’engagement qu’il a pris lors de son investiture). L’autorité est en effet dépossession de soi, pour trouver sa force ultimement en Dieu. Nous ne pouvons être maîtres qu’en étant disciples.

"Le chef doit regarder vers le Christ, se laisser façonner par lui."

Je voudrais conclure par trois pistes pour nourrir votre heure route (ou votre moment lumière) ces jours-ci :

  • Quels ont été pour moi les modèles d’autorité ? (et inversement dans quels cas ai-je été confronté à un mauvais exercice de l’autorité et qu’est-ce qui clochait ?)
  • Comment ai-je été mis en situation d’autorité ? qu’ai-je appris ? Quelles sont mes limites dans l’exercice de mon autorité (dans le passé et aujourd’hui ?)
  • Qu’est-ce qui me touche dans l’attitude du Christ, dans sa manière d’exercer l’autorité ?

Souviens-toi, frère, comme le dit le cérémonial d’investiture du chef d’unité que la mission qui s’offre à toi (bien au-delà du scoutisme) est magnifique !

FSS

 
 
Père Erwan de Kermenguy
Curé de Landerneau et CR de l’Equipe Nationale Louvetisme

 




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