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Mais j’ai cru Madeleine ! - Le Mot du Padre par le Père Erwan de Kermenguy

« Je me souviens ma mère m’aimait… mais j’ai cru Madeleine » 🎶🎶

Bien des fois en veillée, ou pour accompagner le lent balancement des loups de mer sur la houle dans ce temps de fausse inaction que connaissent bien les scouts marins, nous avons chanté Le Galérien (éventuellement en en transformant les paroles). Sa lente mélopée accompagnait bien notre mélancolie adolescente et sans nous en rendre compte nous avions intégré qu’il faut parfois se méfier des sirènes qui auraient pu éloigner notre jeunesse d’un idéal de service et d’engagement. Si tu crois Madeleine, tu finiras aux galères. Telle est la morale de cette histoire.

Ce week-end, ce n’est pas Madeleine que l’évangile nous propose de suivre, mais Marthe, la sœur de Marie. Et Marthe doit elle aussi se demander en qui elle met sa foi. Bien sûr elle croit en Jésus. Elle l’a accueilli bien des fois chez elle, elle l’a écouté, elle l’a servi, comme nous avons foi en Dieu. Nous l’avons bien des fois priés. Nous nous sommes engagés, sur notre honneur, à le servir de notre mieux, comme Marthe l’a fait. Nous l’appelons aussi à l’aide, dans notre prière, comme Marthe qui envoie prévenir Jésus que Lazare est malade.

Mais jusqu’au sommes-nous prêts à le suivre ? Toujours prêts, mais jusqu’où ?

Je vous encourage à relire le dialogue entre Jésus et Marthe dans l’évangile de ce dimanche, pour voir comment elle progresse dans la foi. Chaque fois elle va un peu plus loin. Et pourtant, devant la pierre du tombeau, elle revient à l’évidence : son frère est un cadavre, il sent déjà. Elle vient d’affirmer sa foi en Jésus Fils de Dieu. Mais elle ne parvient pas à prendre du recul face à l’évidence de ce qu’elle sait, de ce qu’elle voit, de ce qu’elle sent, devant le corps de son frère, là derrière la pierre du tombeau.

Elle n’est pas si loin de notre galérien, qui a beau savoir que sa mère a raison, qui a beau aimer sa mère, qui a beau savoir que son père est parti lui aussi aux galères… mais qui ne parvient pas à s’extraire de l’évidence qui s’impose à lui devant Madeleine : elle est là, si belle, si attirante, si joyeuse.

Et nous, quel choix ferons-nous ?

Les épreuves de notre vie scoute ont pour but de nous préparer aux grandes épreuves de notre vie. Les choix de notre vie scoute ont pour but de nous préparer aux grands choix de notre vie.

Les épreuves de notre vie scoute ont pour but de nous préparer aux grandes épreuves de notre vie. Les choix de notre vie scoute ont pour but de nous préparer aux grands choix de notre vie. A 20 ans, à 40 ou à 70, nous aurons à refaire le choix du galérien, le choix de Marthe, choisir le bien, faire confiance à Dieu, malgré toutes les Madeleines qui se présenterons devant nous, malgré tous les tombeaux dans lesquels nous avons vu descendre nos idéaux, nos projets, notre famille peut-être, notre Eglise trop souvent.

« Ne te l’ai-je pas dit ? Si tu crois, tu verras la gloire de Dieu ! »

Nous sommes parfois aussi cadavériques que Lazare.

Notre Eglise ressemble parfois plus à cadavre qu’à la rieuse Madeleine. Et je ne pense pas seulement aux scandales qui l’ont récemment défigurée. Je pense aussi à ces églises vides aux bancs couverts de poussière sur lesquels ne se pressent même plus les têtes blanches. Je pense à ces amis, scouts avec nous, partageant un même idéal, qui vivent ensemble sans être mariés ou dont les couples ont volé en éclat. Je pense à ceux-là qui avaient promis de mettre leur honneur à mériter confiance et qui ont trahi, menti, volé… Et moi parmi eux, qui n’ai pas toujours respecté ma promesse. Nous sommes parfois aussi cadavériques que Lazare. Et de l’autre côté, il y a la rieuse Madeleine, les séductions du monde, des choix professionnels, politiques ou familiaux, qui supposent juste de mettre un instant de côté la promesse de nos 12 ans. Il y a Lucifer avec son habit de lumière, car ne l’oublions pas, le Diable s’habille en Prada.

Bien sûr, le cadavre sent déjà. Mais Marthe, malgré son mouvement de recul, décide de faire confiance à Jésus, parce qu’il est la Résurrection et la Vie. Et la Résurrection de Lazare doit beaucoup au « oui » de Marthe.

Chers frères scouts, « je m’souviens, ma mère m’aimait ». Et Dieu aussi. Alors n’écoutons pas Madeleine. Et ouvrons la porte du tombeau.

 

Père Erwan de Kermenguy
Curé de Landerneau et CR de l’Equipe Nationale Louvetisme
 



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