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[QUESTION EDUCATION] L'éducation en vacances

10 août 2021 Education

Nous voilà enfin en vacances en famille ! La grande décompression de la période estivale nous incite aisément à relâcher les règles de la vie quotidienne, à prolonger le soir les concessions de veille et à donner comme rythme à nos chers enfants celui qui conviendra le mieux au notre. Nul doute que cela est agréable et se justifie aisément quand on songe aux tensions des mois qui viennent de s’écouler. Les justifications ne manqueront pas pour faire sauter quelques frontières. Mais, à l’instar des gaz régis par les lois de Mariotte, un enfant a tendance à occuper tout le volume qu’on lui laisse. C’est pourquoi il est bon de circonscrire le temps et l’espace de vie pour assurer la paix de la vie familiale. Quand les vacances deviennent un temps sans rythme et sans règles, il y a de fortes chances que la patience des adultes soit mise à rude épreuve. Certes, il s’agit d’instituer d’autres règles et de vivre avec un autre rythme, mais l’absence de limite ouvre nécessairement la voie à des débordements.

Contrairement à ce que l’on pourrait penser de prime abord, le meilleur moyen de passer de bonnes vacances, pour les adultes comme pour les enfants, est d’en faire un temps privilégié d’éducation. Mais pour comprendre cela il faut sortir d’une conception autoritaire, contraignante et descendante de l’éducation. L’éducation n’est pas une réaction épidermique face à un comportement déplaisant de l’enfant, elle n’est pas non plus la reprise en main irascible d’une situation qui commençait à nous échapper. La bonne éducation est bien plus préventive que palliative. Si nous avons tendance à considérer l’éducation comme un temps contraignant, alors nous abordons nos temps de vacances ou de repos en considérant que l’on n’est pas là pour « faire de l’éducation » !

L’éducation durant les vacances est avant tout dans le temps que l’on consacre à ses enfants.

Le temps d’une conversation, d’une balade à vélo, d’un jeu, d’un petit-déjeuner qui s’éternise, d’une partie de tennis ou d’une passion partagée. Tous ces moments sont de merveilleux prétextes pour éduquer nos enfants, c’est-à-dire des temps longs durant lesquels nous demeurons des parents-adultes disponibles, nous prenons le temps d’écouter, d’accueillir tout ce qui est dit, de poser des questions pour approfondir un sujet, de laisser de côté notre smartphone pour être exclusivement consacré à nos enfants ou juste à l’un d’entre eux. Cette disponibilité est un cadeau pour nos enfant : dans le cœur d’un enfant la disponibilité d’un papa ou d’une maman remplace aisément le plus beau club des Bahamas… C’est leur langage de l’amour ! La disponibilité est une proximité. Et dans cette disponibilité il n’est pas nécessaire d’être régressif pour que cela soit apprécié des enfants. Il est bon de demeurer un adulte exemplaire dans l’appréciation de ce qui est dit ou vécu par nos enfants.

Quand le ciel est maussade, un jeu de société est un excellent révélateur des forces et des limites de chacun, adultes compris ! Mettre en place des stratégies de succès, gagner sans arrogance, perdre avec le plaisir d’avoir joué, partager sa stratégie pour aider au perfectionnement, découvrir les tempéraments profonds de ses enfants, donner l’exemple de la patience, etc. La vie de famille, en tant qu’elle permet aux enfants de vivre avec leurs parents, est par essence éducative. Il n’est pas nécessaire, et je dirais même plus il vaut mieux éviter, de se lancer dans des discours d’éducation intentionnelle où morale et spiritualité vont s’entremêler et terriblement agacer nos enfants.

Durant les vacances, les enfants aspirent à vivre, à voir leurs parents changer de rythme et d’occupation, à discuter de tout avec eux, à finir enfin leur conversation sur leurs goûts, leurs passions, leurs amis, leur vie sociale… Durant les vacances, les enfants rêvent que leurs parents soient enfin totalement disponibles ! Cela peut se vivre dans les Alpes, sur une plage d’Hawaï, dans un petit village de la Lozère, dans le Pays basque ou en Bretagne, peu importe, l’essentiel est d’être disponible ! Disponible, c’est-à-dire « dont on peut disposer », « dont l’esprit est libre de tout engagement et de toute préoccupation ». La disponibilité éducative, c’est l’ouverture d’un cœur simple qui se fait petit ou adolescent pour se laisser rejoindre et surprendre par la personnalité de l’enfant. On peut repenser à ce qu’avait écrit de Père Jacques Sevin à l’entrée du camp de Chamarande :

« Apprendre aux enfants à devenir des hommes en apprenant aux hommes à redevenir enfants » [1]

 

Bonnes vacances dans la joie !

 

Fondateur de Saint-Joseph Education (https://www.saintjoseph-education.fr)
Auteur de "La Voie de l'éducation intégrale"

[1] « Jacques Sevin », de Pierre-Joseph Rubino, éditions Compagnie de la Sainte Croix – page 64

 




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