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Maintenir le cap tout en s'adaptant à la réalité du terrain - Les atouts de l'expérience scoute

08 octobre 2020 Vie professionnelle

J'ai la chance d'avoir pu travailler dans, pour et avec des entreprises de tailles très différentes (de la multinationale à la TPE), côtoyant ainsi des manières de diriger et d'encadrer très différentes. J'ai ainsi pu observer parfois des équipes ou des entreprises qui patinaient voire s'embourbaient. Et pourtant, elles avaient en apparence, toutes les conditions pour réussir. Il y a bien évidemment de multiples raisons de ne pas réussir à atteindre un objectif fixé. Parmi celles-ci, l'expérience du scoutisme peut en éviter une : le rapport à la réalité.

Alors que j'étais chef de groupe, notre chef de troupe décide d'aller camper dans les Causses. Les paysages sont magnifiques, les regards portent loin d'autant plus loin qu'il n'y a quasiment pas d'arbres. Dans cet environnement, quid du camping à quelques mètres de hauteur ? Comment construire une magnifique table à feu ainsi que le mat ? Peut-on réellement faire camper une troupe en dehors de la forêt ?

 Apprendre à s'adapter à la réalité

 Pour toutes ces questions, les chefs et les patrouilles ont trouvé des solutions. Ils sont revenus aux fondamentaux des installations : à quoi servent-elles ? Quelles sont nos ressources ? Les installations en pierre ont alors remplacé les perches et rondins.

Il en est de même avec la topographie, la carte vous donne des indications, vous savez où vous devez aller mais le chemin a sa réalité propre : un roncier à la place du chemin qui n'est plus entretenu, la tempête de 1999 qui a modifié profondément certains paysages, etc. Doit-on s'obstiner à passer par la route prévue sur la carte ou invente-t-on une alternative ? Il n'y a pas de réponse automatique. Le roncier est peut-être traversable et ne nous retardera pas beaucoup, en revanche il convient peut-être d'éviter la zone avec les engins forestiers. C'est l’observation de la réalité, confrontée avec ses connaissances théoriques (la carte), son expérience et la connaissance de ses patrouillards qui permettra au CP de prendre une décision. Un scout nous avait raconté que lors d'un raid de progression avec un autre scout, il devait traverser un champ avec de paisibles vaches. Après avoir commencé à s'avancer sereinement dans la prairie, ce scout avait observé un mouvement des vaches qui ne broutaient plus et se regroupaient devant les veaux. Sagement, ces scouts ont préféré contourner la prairie.

 Nous avons besoin d'observateurs du réel

 Dans le cadre professionnel, il me semble important de reconnaitre et faire valoir ceux capables d'observer, d'agir et de proposer des solutions en relation avec ces observations. Ce n'est pas un frein à l'imagination et à la créativité, bien au contraire ! Ainsi le tailleur de pierre qui imagine puis réalise l'oeuvre imaginée doit aussi s'adapter à la réalité de son bloc, à la fente rencontrée, aux différentes teintes qui apparaitront. Chaque année, dès le mois de septembre, les équipes terrain sont consultées pour établir le plan d'actions de l'année à venir. Ils sont ensuite remontés à la direction, réévalués puis redescendus au mieux en fin d'année sinon au premier trimestre. Où est la réalité 6 mois plus tard ? Où est la réalité avec des décisions prises loin du terrain ? Où est la réalité pour le manager terrain qui la première année dit réellement ce qu'il pense être juste puis minimise ses pronostics pour obtenir des objectifs atteignables ?

Nous avons besoin d'observateurs du réel face à ceux qui décident que le monde doit être tel qu'ils le pensent. Observer réellement, c'est avoir aussi la capacité d'innover comme certaines entreprises peuvent le démontrer en temps de crise. C'est aussi ce que nos scouts ont réalisé en l'absence de bois. C'est aussi ce que nous nous sommes efforcés de faire dans mon entreprise durant le confinement : certaines formations ont été réalisées en classe virtuelle, d'autres reportées car nous estimions qu'une présence était importante, certaines crées telle que « apprendre à télétravailler durablement » et enfin d'autres déjà existantes promues car correspondant bien au contexte.

En conclusion, cette agilité dans le management et la gestion d'entreprise est une capacité développée notamment dans le cadre des activités de scoutisme et qui permet efficacement de maintenir le cap tout en s'adaptant à la réalité du terrain.

 
Thierry Villemagne
Gérant d'Humanem, organisme de formation
"Je dois beaucoup au scoutisme : ma construction comme homme, la rencontre avec Cécile, mon épouse, la découverte de la joie de servir et aujourd’hui cela me nourrit comme gérant d’une entreprise de formation et alimente la réflexion d’HUMANEM Formation sur l’homme au travail."



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