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Voir l'œuvre de Dieu dans la nature
Article 6 de la loi scoute : le scout voit l’œuvre de Dieu dans la Nature, il aime les plantes et les animaux

31 août 2022 Education

Il est plus facile d’éduquer un enfant dans un environnement rural que dans un milieu urbain. Cela peut vous paraitre étonnant de débuter ces quelques lignes par une telle affirmation, mais les citadins savent bien qu’un séjour familial perdue dans la campagne en bordure de forêt et loin des antennes relais, offre aux enfants, et à leurs parents, un répit dans les sollicitations de la modernité technologique et marchande. Nos enfants y retrouvent la joie des jeux imaginaires un bâton à la main, ils partent à la découverte d’une fourmilière ou d’un nid de mésange sous un abris de jardin. Le temps n’est plus le même, passés les premières heures de la désintoxication digitale, ils ne s’ennuient jamais et trouvent dans la nature un environnement de liberté et de simplicité. La famille peut alors se reconstituée et les relations s’apaiser. Vous me direz que j’idéalise un peu les vacances à la campagne qui connaissent des orages et des éclaircies, des disputes et des caprices, certes… Mais vous l’aurez compris, je souhaite simplement souligner les difficultés quotidiennes auxquelles sont exposées les parents dans leur mission d’éducation quand ils vivent en ville à proximité des commerces, des transports en commun, de la 5G et de toute une vie sociale dans laquelle il est bien difficile de maitriser toutes les influences éducatives. C’est là une des causes majeures de la joie de nos enfants quand ils rentrent d’un camp scout.
 
***
 
La nature est l’environnement originel de l’homme. Créé dans un jardin, l’homme a peu à peu imposé à la nature des transformations pour son habitat, sa sécurité et toutes ses activités de labeur ou de loisir. Les siècles de la modernité sont passés et désormais plus de 80% des Français vive en milieu urbain. Et, force est de constater qu’en s’éloignant de la nature l’homme s’éloigne aussi de l’ordre naturel auquel il appartient. Au milieu des champs, des forêts, des montagnes, des rivages des mers et des océans, l’homme côtoie les éléments et un rythme qui s’imposent à lui. Le mouvement des astres, l’alternance des saisons, la violence des éléments, la fécondité naturelle des plantes et des animaux, sont autant de phénomènes qui disposent le cœur et l’intelligence de l’homme à vivre avec simplicité selon l’ordre des lois de la nature.
 
« Je médite sur toutes tes œuvres, je réfléchis sur l’ouvrage de tes mains. »[1]
 
C’est ainsi que la relation avec la nature permet à l’homme de se laisser imprégner par les œuvres de la Création et son intelligence lui permet d’y déceler un ordre et l’intention d’une harmonie. C’est ce que le saint pape Jean-Paul II a merveilleusement exposé dans son encyclique Veritatis splendor : « La splendeur de la vérité se reflète dans toutes les œuvres du Créateur et, d'une manière particulière, dans l'homme créé à l'image et à la ressemblance de Dieu : la vérité éclaire l'intelligence et donne sa forme à la liberté de l'homme, qui, de cette façon, est amené à connaître et à aimer le Seigneur. »[2] On saisit mieux l’enjeu d’une relation régulière et profonde avec la nature et donc avec les œuvres de Dieu dans l’éducation des enfants. L’observation émerveillée des constellations, des plantes et des animaux ouvre dans le cœur humain le chemin de toutes les grandes questions qui conduisent au Créateur. C’est par cette même voie que les Grecs des temps anciens sont passés de l’observation à l’étonnement et de l’étonnement aux premières démarches intelligentes expliquant les phénomènes naturels. Aristote, près de 400 ans avant JC, dans son livre sur la nature (Les Physiques), a découvert par un magnifique effort de la raison, que l’ordre de la nature devait nécessairement être dirigé par un principe unique qui donnait mouvement et vie à toute chose.
 
Dès lors il est indispensable que les enfants soient souvent immergés dans les réalités naturelles en observant les dessins d’une aile de papillon, la vie des abeilles, le processus de la lactation, les formes admirables d’un banc de poissons, les différents cris des oiseaux, la communication des dauphins, etc. Il n’est pas très difficile de proposer cela, même à des enfants des villes, sous la forme de documentaires.
 
« Toutes les créatures nous invitent à penser à Celui qui les a faites ; elles nous conduisent à admirer sa Puissance, sa Bonté, son Intelligence, son Amour. Le scout doit vivre dans cette impression habituelle de Dieu notre Père, dans cette disposition habituelle de lui rendre l’hommage qui lui est dû. »[3] Le chemin qui s’ouvre alors est celui de l’admiration et de la contemplation de l’œuvre de Dieu dans la nature. Chemin qui devient une véritable catéchèse pour les enfants et les jeunes dont le regard a été peu à peu éduquer à rendre grâce à la manière de saint François d’Assise. Dans sa prière contemplative au cœur de la nature, le Poverello a développé une véritable mystique d’une grande tendresse dans sa manière de rendre grâce en tournant les yeux de son cœur vers la louange et la gloire de Dieu :
 
« Soyez loué, mon Seigneur, avec toutes vos créatures,
spécialement messire frère Soleil,
par qui vous nous donnez le jour, la lumière ;
il est beau, rayonnant d’une grande splendeur,
et de vous, le Très Haut, il nous offre le symbole.
Soyez loué, mon Seigneur, pour sœur Lune et les étoiles :
dans le ciel vous les avez formées,
claires, précieuses et belles.
Soyez loué, mon Seigneur, pour frère Vent,
et pour l’air et pour les nuages,
pour l’azur calme et tous les temps :
grâce à eux vous maintenez en vie toutes les créatures.
Soyez loué, Seigneur, pour notre sœur Eau,
qui est très utile et très humble,
précieuse et chaste.
Soyez loué, mon Seigneur, pour frère Feu,
par qui vous éclairez la nuit :
il est beau et joyeux,
indomptable et fort.
Soyez loué, mon Seigneur, pour sœur notre mère la Terre,
qui nous porte et nous nourrit,
qui produit la diversité des fruits,
avec les fleurs diaprées et les herbes.
Soyez loué, mon Seigneur, pour ceux
qui pardonnent par amour pour vous ;
qui supportent épreuves et maladies :
heureux s’ils conservent la paix,
car par toi, le Très Haut, ils seront couronnés.
Soyez loué, mon Seigneur,
pour notre sœur la Mort corporelle
à qui nul homme vivant ne peut échapper.
Malheur à ceux qui meurent en 
péché mortel ;
heureux ceux qu’elle surprendra faisant votre volonté,
car la seconde mort ne pourra leur nuire.
Louez et bénissez mon Seigneur,
rendez-lui grâce et servez-le
en toute humilité.
»
 
Le Cantique de la création de saint François d’Assise est probablement la plus belle expression de la prière de celui qui sait voir Dieu dans tout ce qui l’entoure. Le soleil et les astres nocturnes, l’eau et le vent, la terre et le feu, on retrouve ici les éléments fondamentaux de la vie de notre univers, et saint François en redirige la beauté et la gloire vers Dieu, Cause de toutes choses.
 
« Toute la création est comme un miroir à notre usage parce que l’ordre, de la bonté, de la grandeur que nous constatons dans ces êtres que Dieu a faits, nous en venons à nous faire une idée de sa sagesse, de sa bonté, de son éminence à Lui. »[4]
 
L’article 6 de la loi scoute - le scout voit l’œuvre de Dieu dans la Nature, il aime les plantes et les animaux - exprime un principe d’éducation qui est beaucoup plus fondamentale qu’il n’y parait au point de départ. En effet, on pourrait y percevoir un encouragement à vivre en plein nature pour des raisons de santé physique et à éduquer les enfants à l’observation des plantes et des animaux pour qu’ils perfectionnement leurs connaissances en biologie. C’est là déjà un objectif noble. Mais cet article va plus loin dans la mesure où il a pour ambition d’augmenter la voie et l’amour du Créateur en se laissant imprégner de l’ordre admirable de sa Création. Les adultes peuvent être conduit à perdre la simplicité et la pureté du regard dans l’observation de la nature, mais l’enfance demeurera toujours l’âge durant lequel on peut facilement retrouver le sens de Dieu dans les plantes et les animaux. Le regard tourné vers les cimes interroge spontanément sur le sens de l’absolu, la beauté de la vie naissante interroge nécessairement sur l’origine de ce dynamisme de la génération. Dans cette société traversée par des désordres graves sur le plan social, moral, éducatif ou bioéthique, il est indispensable de retrouver le chemin simple et paisible de la nature pour nos enfants et pour nous-mêmes.
 
« Mais les ténèbres de l'erreur et du péché ne peuvent supprimer totalement en l'homme la lumière du Dieu Créateur. De ce fait, la nostalgie de la vérité absolue et la soif de parvenir à la plénitude de sa connaissance demeurent toujours au fond de son cœur. »[5]
 
Pour achever ces quelques réflexions, nous pouvons redire combien la pédagogie scoute nous offre dans cet article le chemin de la véritable écologie, du véritable et intégral respect de la nature. Penser la Création comme l’œuvre de Dieu engendre le respect inconditionnel de tous les êtres naturels dans le respect de la hiérarchie des êtres et pour la plus grande gloire de Dieu. L’homme est le centre et le sommet de la création divine, la nature est à son service pour la plus grande gloire de Dieu et doit donc être respectée dans cette perspective.
 
« Aimer les plantes et les animaux nous sera, après cela, très facile. Oui, ils sont nos frères et nos sœurs. Cela n’est souvent, hélas ! que trop évident. Ils le sont en ce sens qu’ils ont été créés comme nous et avec nous pour jouer leur rôle dans le grand univers. Leur rôle est de nous servir. L’homme est destiné à un but supérieur : partager la vie divine. »[6]
 
 

Fondateur de Saint-Joseph Education (https://www.saintjoseph-education.fr)
Auteur de "La Voie de l'éducation intégrale"
 
 
[1] Psaume 143
[2] Veritatis splendor, Jean-Paul II, 1993, introduction
[3] « La loi scoute – commentaire d’après saint Thomas d’Aquin ». RP Réginald Héret, Éditions Spes, 1929
[4] « La loi scoute – commentaire d’après saint Thomas d’Aquin ». RP Réginald Héret, Éditions Spes, 1929
[5] « Veritatis splendor », Jean-Paul II, 1993, N° 1
[6] « La loi scoute – commentaire d’après saint Thomas d’Aquin ». RP Réginald Héret, Éditions Spes, 1929



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